Reconstruction mammaire
Le cancer du sein est fréquent (1 femme sur 8 en France) après 50 ans et nécessite souvent l’ablation partielle ou totale du sein, atteignant directement la patiente dans sa féminité. Heureusement, de nombreuses techniques de reconstruction mammaire existent et un praticien saura proposer la stratégie la plus adaptée à chaque cas.
Traitement du cancer du sein par mastectomie
85 % des cas de cancer du sein apparaissent après 50 ans. Le traitement médical (radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie) est la plupart du temps mis en place après un acte chirurgical. Dans bien des cas en effet, il est nécessaire de procéder à une ablation de la tumeur (tumorectomie) ou du sein (mastectomie). La mastectomie, quelle qu’elle soit (totale ou partielle), est un évènement traumatisant. Les seins sont en effet symbole de féminité et de séduction : une mastectomie est souvent une atteinte psychologique aux conséquences parfois lourdes. C’est la taille de la tumeur, sa localisation et son type qui détermine le type de mastectomie à entreprendre. Dans 20% des cas, elle est totale. C’est à ce stade, une fois la mastectomie réalisée, qu’entre en jeu la reconstruction mammaire. Elle peut parfois, dans les cas de cancers peu agressifs, être entreprise immédiatement après la mastectomie (même opération) ou alors des années plus tard. Psychologiquement toutefois, il est préférable de la commencer au plus tôt. Le but est de reconstruire le volume du sein, son aréole et son mamelon, afin de redonner à la patiente toute sa féminité.
Techniques chirurgicales
Tous les cas sont différents, et la stratégie de reconstruction mammaire doit être conduite spécifiquement par le praticien. Souvent, il faut 2 ou 3 opérations espacées dans le temps (3 mois) afin de redonner au sein son volume, travailler si nécessaire la symétrie de la poitrine et reconstruire le mamelon et l’aréole (plaque aréolo-mamelonnaire). Les techniques chirurgicales les plus utilisées sont la reconstruction mammaire par prothèse, l’utilisation de la méthode dite « lambeau du grand dorsal » et la reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire.
Reconstruction mammaire par prothèses
Dans ce cas, la durée d’hospitalisation varie de 1 à 2 jours selon les patientes. L’intervention dure environ 2 heures et se fait toujours sous anesthésie générale. Le principe est de redonner au sein le volume manquant et de le remodeler en posant un implant mammaire, la plupart du temps au-dessous du muscle pectoral. Cette méthode est envisageable dans les cas de reconstruction immédiate (même temps opératoire que la mastectomie) ou secondaire. Elle ne crée pas de cicatrice supplémentaire puisque c’est l’incision réalisée lors de la mastectomie qui est utilisée afin d’introduire la prothèse. Des progrès immenses ont été réalisés ces dernières années quant aux matériaux de prothèse utilisés. Ils assurent aujourd’hui une grande sécurité et un résultat optimal. La vigilance est néanmoins de mise : il faut choisir le bon laboratoire d’origine afin de s’assurer de la qualité du produit. La pose de prothèse est une opération conséquente, et des douleurs post-opératoires apparaissent de manière systématique. Elles sont cependant bien contrôlées par un traitement antalgique classique. La convalescence dure 2 ou 3 semaines. Comme tout acte chirurgical, celui-ci comporte des risques infectieux ou encore liés à l’anesthésie. Plus spécifiquement, il existe aussi un risque de rejet de la prothèse. Tous ces risques sont fort heureusement minimes et l’intervention est la plupart du temps extrêmement efficace, avec un résultat stable dans le temps. La durée de vie moyenne d’une prothèse est en effet de 10 ans environ.
Reconstruction mammaire par lambeau du grand dorsal
Cette méthode nécessite une hospitalisation de 4 à 6 jours. L’opération dure environ 3 heures et est réalisée sous anesthésie générale. Elle consiste à prélever de la peau et du muscle dans le dos de la patiente, au niveau du grand dorsal, muscle du dos non indispensable aux gestes de la vie quotidienne. Selon les cas, la méthode par lambeau du grand dorsal est mise en place seule, ou en complément d’une prothèse ou d’un lipofilling. Elle crée bien entendu une cicatrice au niveau du dos. Les douleurs post-opératoires peuvent être conséquentes, mais le traitement antalgique prescrit suffit à les calmer. La convalescence dure environ 1 mois. C’est une méthode très fiable, au résultat souvent admirable. Le sein apparaît souple, très naturel. Des retouches ultérieures peuvent parfois être nécessaires. Il convient alors de les associer, si possible, à l’étape de reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire.
Reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire
C’est souvent la dernière étape de la reconstruction mammaire. Elle ne nécessite pas d’hospitalisation : c’est un protocole ambulatoire et la patiente peut regagner son domicile le jour même, après une période de surveillance à la clinique si nécessaire. Cependant, si une anesthésie générale a été pratiquée (cas rare), la période d’hospitalisation peut être plus longue. Une fois l’anesthésie réalisée et après prélèvement de peau sur la face interne de la cuisse (au niveau de l’aine la plupart du temps), le praticien s’en sert pour reconstruire l’aréole. Si la patiente souhaite limiter l’intervention, un tatouage peut aussi être envisagé. Pour le mamelon, il existe différentes solutions : greffe controlatérale (greffe d’une partie du mamelon de l’autre sein) ou technique des lambeaux locaux. C’est alors un lambeau de peau roulé sur lui-même qui permet de reconstruire le volume du mamelon. Après l’intervention la convalescence est d’environ 2 semaines. Au cours de cette dernière opération peuvent aussi, si nécessaire, être réalisées des retouches.
Consultez les fiches de la SoFCPRE pour d’autres informations sur la reconstruction mammaire :
Cette page a été rédigée par le Docteur Joseph Château, chirurgien plasticien spécialiste de la chirurgie esthétique et de la chirurgie de la main à Lyon.