Maladie de Dupuytren : traitement

L’aponévrose palmaire est un tissu fibreux, situé sous la peau de la paume, et qui protège les nerfs, les artères et les tendons. Son épaississement anormal peut aboutir à des difficultés de mouvement des doigts, le plus souvent le quatrième et le cinquième. Si ce phénomène est la plupart du temps indolore, il peut néanmoins s’avérer extrêmement handicapant. Son taux d’incidence est plus élevé en Europe du Nord où cette pathologie touche majoritairement les hommes de 40 à 50 ans (4 à 10% en France). Il est généralement admis qu’elle a une origine génétique même si certains facteurs semblent la favoriser : tabagisme, alcoolisme, ou encore prise de certains médicaments. Enfin, outre les mains, la plante des pieds ou d’autres parties du corps peuvent être atteintes, même si ceci est plutôt rare.

Symptômes

C’est en premier lieu l’apparition de nodules durs ou de dépressions au niveau de la paume, le plus souvent en regard des quatrième et cinquième doigts (75% des cas), qui doit alerter. Leur évolution est variable selon les patients, mais ces structures anormales peuvent dans certains cas prendre finalement la forme de « brides » qui, mécaniquement, provoquent une flexion permanente des doigts impactés. Dans les cas les plus extrêmes, il devient alors impossible de remettre le ou les doigts en position non fléchie. On parle alors de flexion irréductible.

Causes

L’aspect génétique est prédominant et il n’existe pas de traitement préventif. Néanmoins, d’autres facteurs interviennent. Par exemple, l’épilepsie, le diabète, ou encore des traumatismes répétés de la paume avec ou sans cicatrice. Cependant, l’hygiène de vie semble aussi impacter l’apparition de la maladie de Dupuytren. La consommation excessive de tabac ou d’alcool sont notamment reconnues comme facteurs favorisant.

Le diagnostic est clinique, réalisé par un praticien au cours d’une consultation. La plupart du temps, aucun examen complémentaire n’est nécessaire, sauf si une pathologie du canal carpien est suspectée. C’est le praticien qui peut déterminer s’il est nécessaire d’intervenir chirurgicalement ou non. Des tests simples d’extension des doigts permettent de répondre à cette question. La Maladie de Dupuytren demande un suivi strict dans le temps : aussitôt qu’elle devient nécessaire, l’intervention doit être réalisée, au risque sinon de ne jamais récupérer une extension complète des doigts concernés.

Selon les cas et la gravité de l’affection, deux interventions différentes peuvent être envisagées. Il n’existe pas de traitement médical.

Acte chirurgical léger

Dans les cas les plus légers, si la bride sous cutanée est bien individualisée, il est alors possible de la sectionner en utilisant une aiguille. Cela se fait sous anesthésie locale. Cette solution simple permet de récupérer une bonne mobilité des doigts. Pour autant, elle ne permet pas de retirer l’ensemble de l’aponévrose affectée. Cela explique sans doute la fréquence relativement élevée de récidives observées après ce type d’interventions.

Intervention chirurgicale proprement dite

Hospitalisation

Dans la plupart des cas le patient peut rejoindre son domicile le jour même.

Anesthésie

L’intervention a lieu sous anesthésie locale.

Déroulement de l’opération

Au cours de l’intervention, le chirurgien enlève les tissus affectés. C’est une opération délicate car la bride à retirer est à proximité directe des nerfs. Dans certains cas, il peut être préférable de laisser la plaie ouverte en fin d’intervention plutôt que de procéder à une suture. A l’inverse, il est parfois nécessaire de compléter cette intervention par une greffe de peau. Cela est laissé à l’appréciation du chirurgien, qui prélèvera alors sur le membre anesthésié la surface de peau nécessaire.

Après l’intervention

En règle générale, la cicatrisation prend 2 ou 3 semaines pendant lesquelles le soin des pansements revêt un caractère fondamental. Pour éviter que la cicatrisation ne se fasse en flexion, une attelle particulière peut parfois être prescrite : elle est notamment à porter la nuit pendant 2 ou 3 mois. Une visite de contrôle doit être réalisée dans les 15 jours qui suivent l’intervention. Comme souvent pour la chirurgie de la main, la rééducation avec un kinésithérapeute est un élément clé pour assurer le succès du traitement.

Complications

Le principal risque est celui d’une récidive, malheureusement fréquente avec la maladie de Dupuytren. Par ailleurs, des lésions des nerfs, des artères ou des tendons sont toujours possibles. Enfin, dans 3% des cas environ, un syndrome algodystrophique peut faire son apparition. Il se caractérise par une douleur et un gonflement de la main, accompagnés d’une raideur, et qui peuvent perdurer pendant plusieurs mois ou années.

Chirurgie de la Maladie de Dupuytren : résultat

Quel qu’il soit, le traitement de la maladie de Dupuytren est efficace et permet souvent de retrouver une extension quasi complète des doigts : 90% environ pour les stades précoces. Malheureusement, et comme précédemment évoqué, le taux de récidive est très élevé avec cette pathologie. Il varie de 40 à 60% selon les études disponibles. A ce titre, le traitement ne doit pas être considéré comme donnant un résultat qui sera forcément stable dans le temps. La maladie de Dupuytren est une pathologie évolutive : quels qu’ils soient, les traitements existants ne traitent que les symptômes observés chez le patient à un instant donné.