Otoplastie ou opération des oreilles décollées
Will Smith et Serge Gainsbourg sont aussi connus pour une chose : leurs oreilles décollées.
Pas sûr, pour autant, que la similitude avec ces deux icônes ne console tous ceux qui sont touchés par cette particularité physique, aussi appelée otoplastie.
Heureusement, il existe des opérations permettant de corriger ce défaut physique majeur, source de nombreux complexes, à cause notamment des moqueries qu’il suscite.
Voici ce qu’il faut savoir sur la correction des oreilles décollées.
Qu’est-ce qu’une otoplastie ?
Objectifs et principes de l’otoplastie
L’otoplastie est donc l’opération qui permet de remodeler des pavillons jugés un peu trop visibles.
Les personnes concernées donnent parfois l’impression de porter deux ailerons arrondis des deux côtés de la tête.
Il en découle souvent des complexes à la base d’une grande fragilité psychique.
La gêne sociale est telle que l’opération peut être envisagée dès le plus bas âge, à savoir à 7 ans. A condition, bien entendu, que la demande émane de l’enfant lui-même.
Les trois anomalies typiques des oreilles décollées
On distingue principalement trois difformités des oreilles décollées, qui peuvent parfois être associées entre elles :
- Défaut de plicature de l’anthélix. Absence de plis au niveau de la partie supérieure des oreilles.
- Décollement ou taille excessive du cartilage de la conque (partie centrale du creux de l’oreille).
- Lobe de l’oreille trop décollée (valgus du lobe).
Généralement l’otoplastie est pratiquée sur les deux oreilles. Mais il arrive que l’opération ne concerne qu’une seule oreille, afin de gommer une asymétrie existante.
Finalement, l’objectif est d’obtenir des oreilles recollées et symétriques, présentant une taille et un aspect naturel.
Tarifs et prise en charge
Lors des consultations pré-opératoires, le chirurgien fournira au patient un devis détaillé et personnalisé qui précisera le coût de l’opération.
En France, l’assurance maladie prend en charge l’otoplastie dans le cas des oreilles décollées, un défaut considéré comme une malformation congénitale.
Cette prise en charge est notamment justifiée par la gêne psychologique et sociale importante qui découle de la malformation.
En revanche, les cas jugés comme à but esthétique ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale.
Avant l’intervention
Examen pré-opératoire
Avant l’intervention, le chirurgien procède à un examen approfondi des oreilles.
Il réalise aussi un bilan photographique ainsi qu’un bilan sanguin préopératoire afin de prévenir tout risque de saignement accru.
Quelles sont les mesures à observer avant une otoplastie ?
- Éliminer le tabac 4 semaines au moins avant l’opération,
- Ne pas consommer d’aspirine ni d’anti-inflammatoires non stéroïdiens 14 jours avant. (ibuprofène, diclofénac). En cas de douleurs, il lui est conseillé de prendre du paracétamol à la place.
- La veille de l’opération, laver soigneusement les cheveux et le visage.
Le matin de l’opération :
- Nettoyer les oreilles avec soin à l’eau et au savon.
- Bien récurer le conduit auditif avec un coton-tige.
- Ôter tous les piercings et les bijoux.
- Coiffer les cheveux de façon à bien dégager les oreilles.
Comment se déroule une otoplastie ?
Quelle anesthésie ?
Le patient peut opter pour l’une de ces trois possibilités :
- Une anesthésie locale pure. Le produit est injecté localement afin d’assurer l’insensibilité des oreilles. Le choix de cette anesthésie convient aux interventions courtes, ainsi qu’aux patients calmes et peu angoissés.
- Une anesthésie par sédation intraveineuse. Le patient reçoit des produits relaxants qui vont l’aider à se détendre pendant l’intervention. Cette option est souvent complétée par une anesthésie locale et convient aux interventions longues chez les adultes.
- Une anesthésie générale. Dans ce cas-ci, le patient est complètement endormi. Ce mode d’anesthésie est souvent choisi pour les interventions longues chez les enfants.
Le patient devra rencontrer l’anesthésiste 48 heures au moins avant l’intervention sauf dans les cas d’une anesthésie purement locale.
L’hospitalisation.
De manière générale, l’otoplastie est une opération qui se pratique en ambulatoire. C’est-à-dire que le patient est autorisé à sortir le jour même.
Le déroulé de l’opération
Selon les malformations traitées et l’ampleur des recollements à réaliser, l’intervention dure entre 45 minutes et 1 heure.
Bien que les chirurgiens adoptent des techniques qui leur sont propres, il n’en demeure pas moins que les opérations partagent les points communs suivants :
- Les incisions cutanées. Elles sont situées dans le pli naturel à l’arrière de l’oreille (face postérieure). Il peut arriver que des incisions supplémentaires soient réalisées dans la face antérieure du pavillon, mais le chirurgien les dissimulera toujours dans les plis naturels.
De cette façon, les cicatrices seront par la suite invisibles à tout observateur. - La dissection. La peau est ensuite décollée afin de permettre l’accès au cartilage.
- Le remodelage cartilagineux. Le cartilage est ensuite affaibli soit par râpage (technique de Stenström), soit avec des points de suture non résorbables (technique de Mustardé et Furnas). Les deux techniques peuvent aussi être combinées.
- Des sutures sont ensuite réalisées, avec du fil résorbable cette fois.
- Le pansement. Pour finir, des compresses modelantes sont placées et maintenues en place grâce à des bandes élastiques qui enserrent le front. Le but étant de garder les oreilles en bonne position.
Les suites opératoires d’une otoplastie
Dans les premiers jours après l’opération, le premier pansement sera remplacé par un deuxième, puis par un bandeau.
Le patient devra le porter nuit et jour pendant une quinzaine de jours, puis seulement la nuit pendant 4 à 6 semaines.
Les oreilles auront un aspect gonflé au début (à cause de l’œdème), mais cet état transitoire disparaît rapidement pour faire place au résultat final.
Les sutures résorbables tombent d’elles-mêmes après 2 à 3 semaines.
Si le chirurgien a utilisé du fil non résorbable, il sera retiré 8 à 10 jours après l’intervention.
Quelles sont les règles à observer après une otoplastie ?
- Ne pas porter de boucles d’oreilles ni de casques 2 semaines au moins après l’opération. Ceci dans le but d’écarter tout risque d’infection.
- Dormir sur le dos durant les 4 premières semaines.
- Faire preuve de prudence lors de l’usage d’un téléphone. Nettoyer l’appareil avec une lingette désinfectante humide ou opter tout simplement pour la fonction mains libres.
- Éviter tout effort physique pendant 15 jours au moins.
- Ne pas s’exposer à des températures trop froides, qui pourraient provoquer des gelures. Recourir à un bonnet en cas de grand froid.
Les douleurs
Bien que existantes, elles sont modérées et traitées avec des antalgiques. Si elles persistent, le patient doit en informer son chirurgien.
Les complications éventuelles
Comme dans tout acte chirurgical, le risque zéro n’existe pas dans la pratique de l’otoplastie.
Mais la compétence des chirurgiens, ainsi que les techniques chirurgicales modernes, limitent ces risques à une proportion insignifiante.
Mais, malgré leur rareté, le patient doit être informé des complications possibles. Ainsi peut-on citer :
- Les saignements post opératoires.
- Un hématome
- une infection
- des cicatrices anormales (hypertrophiques).
Ces complications sont toutefois très rares.
En pratique, la majorité des interventions se passe sans incident, pour la plus grande satisfaction des patients.
Avant-après : le résultat final d’une otoplastie
Le résultat final d’une otoplastie s’apprécie 1 à 2 mois après l’opération.
C’est le temps qu’il faut pour que les tissus s’assouplissent et que la totalité de l’œdème ne se résorbe.
Les cicatrices, quant à elles, vont garder un aspect un peu rosé avant de retrouver leur aspect naturel 12 mois après l’opération.
Dans la plupart des cas, les résultats sont définitifs.
Pour aller plus loin : l’otoplastie par Earfold
Depuis 2016, cette technique peu invasive est disponible en France. Son principe : un petit implant est glissé sous la peau afin de plier l’oreille. La pose de l’implant s’effectue au niveau du pli manquant de l’anthélix.
L’un des gros avantages de cette technique : il n’est plus nécessaire de placer un pansement ou un bandeau après la pose de l’implant. La période de convalescence est raccourcie et le patient peut reprendre sa vie sociale beaucoup plus rapidement.
Cette page a été rédigée par le Docteur Joseph Château, chirurgien plasticien spécialiste de la chirurgie esthétique et de la chirurgie de la main à Lyon.